« La pleine conscience est réservée à l’ésotérisme et à la religion »
Le terme de pleine conscience est devenu très populaire ces dernières années et il est souvent utilisé de façon détournée ou rendu inutilement compliqué. Il a aussi fait l’objet de nombreux préjugés :
- « La pleine conscience n’est qu’un concept ésotérique pour ceux qui ont perdu tout contact avec la réalité. »
- « La pleine conscience n’est qu’un autre outil d’auto-optimisation. »
- « Apprendre la pleine conscience requiert beaucoup d’efforts. »
- « Afin d’être en pleine conscience, il faut méditer en restant assis en tailleur. »
- « Il faut un calme absolu pour pouvoir s’entraîner à la pleine conscience. »
- « Une vie en pleine conscience requiert beaucoup de temps. »
- « Pour pouvoir vivre en pleine conscience, il faut être bouddhiste. »
Il ne s’agit là que de préjugés qui circulent au sujet de la pleine conscience. Nous ne voulons d’ailleurs pas les nier, peut-être qu’ils auront un attrait pour certains d’entre vous.
Ainsi, tout comme le yoga et la méditation l’idée de la pleine conscience est utilisée par de nombreuses personnes afin d’auto-optimiser leur état actuel et, ainsi, d’échapper au véritable moment présent. Dans le jargon, on parle de « Spiritual Bypassing ».
Cela décrit la tendance à avoir recours à certaines pratiques pour échapper à son propre côté obscur ainsi qu’à ses blessures émotionnelles plutôt que d’y faire face et de les traverser.
Soyons donc bien clairs sur un point : la pleine conscience ne signifie pas se réfugier dans les rêves ni échapper à des situations ou à des phases difficiles de la vie.
Il est plutôt question ici de percevoir tout ce qui se passe et d’en faire consciemment l’expérience. Bien entendu, ce concept ne suffit pas à guérir des événements profondément traumatisants, ces derniers nécessitent l’aide d’un ou d’une professionnel/le. La pleine conscience peut cependant constituer un outil très utile.
Ce qui est bien, c’est que vous n’avez pas besoin de grand-chose pour y arriver : ouverture, bonne volonté et la capacité à rester concentré(e) sont les principaux ingrédients d’une vie en pleine conscience.
Adieu au mode pilote automatique : comment reconnaître ses propres tendances
Lorsque nous sommes en pleine conscience de nous-mêmes et de notre environnement, nous percevons correctement nos pensées et nos sentiments, plutôt que de chercher à leur échapper ou à les réprimer.
La pleine conscience signifie avoir conscience de soi à chaque instant sans chercher à modifier son état constaté. Dès lors que nous avons envie de modifier notre état momentané, nous cessons d’accepter une part de nous-mêmes. Nous commençons alors à nous percevoir de façon fragmentée et à juger certains fragments de « bons » et d’autres de « moins bons » – et c’est précisément cela qui déclenche le stress psychologique et l’angoisse. En effet, nous cessons soudainement de nous percevoir comme une personne à part entière mais plutôt de façon morcelée et tentons tant bien que mal de maintenir toutes les pièces du puzzle assemblées.
Imaginons par exemple que nous recevons un appel d’un ou une bon(ne) ami(e) qui est manifestement en colère contre nous et qui nous reproche quelque chose. Souvent, dans un moment pareil, notre estomac se serre, nous voyons rouge et nous ripostons immédiatement lorsque nous sommes attaqués. Nous retombons dans des modèles psychologiques vers lesquels nous nous tournions enfants pour traverser de tels moments.
Nous nous laissons submerger par nos émotions, par nos comportements conditionnés et passons en mode de réaction au lieu de percevoir consciemment le sentiment, de le communiquer et de l’observer.
La pleine conscience signifie ressentir sa colère et l’accepter sans lui résister ni retomber dans d’anciens modèles de réaction. En général, nous cherchons à échapper au moment présent et à créer une réalité alternative pour défendre notre ego à tout prix plutôt que d’accepter ce qui est en train de se passer et ce que cela nous fait ressentir.
Vous pouvez y travailler lorsque vous faites la queue à la caisse et que vous commencez à taper du pied, ou lorsque vous assistez à une réunion qui s’éternise. Et si vous essayiez de vous concentrer pleinement sur vous la prochaine fois que quelqu’un vous critique ou vous dit quelque chose que vous n’avez pas envie d’entendre ? Dans quelle partie du corps ressentez-vous le plus la critique : dans la poitrine, la tête ou le ventre ?
Ces petits exemples montrent déjà que la pleine conscience n’existe pas que dans le cadre de la méditation, mais qu’elle est possible à tout moment.
Bien entendu, des séances de méditation régulières ou des exercices de pleine conscience peuvent vous aider à rester volontairement conscient dans de telles situations et à observer plutôt que de tomber dans un schéma de réaction. Les meilleurs moments pour vous entraîner à la pleine conscience sont absolument tous les moments de la vie, et en particulier les plus difficiles.